Lettre ouverte : Lettre de réponse au Globe and Mail : 40 ans de coopération pancanadienne en éducation

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Toronto, le 2 juin 2008 -- Dans sa chronique sur l’éducation du 22 mai dernier du journal Globe & Mail , M. Gary Mason traite d’un changement marquant apporté à la politique de la Suisse en matière d’éducation. Il écrit que le Canada pourrait tirer d’importantes leçons de la Suisse, notamment pour l’adoption d’objectifs pancanadiens et pour une plus grande harmonisation entre les provinces et territoires.

Les comparaisons entre les deux pays ont peu de validité et risquent d’être fort trompeuses. La Suisse est un pays relativement petit qui jouit d’une culture ancienne et de longues traditions. Pour sa part, le Canada est un pays jeune et vaste dont la population est l’une des plus diversifiées de la planète. Cette diversité est à nos yeux une grande richesse et une source d’innovation et de créativité.

Dans notre pays, nous jugeons que les ordres de gouvernement les plus près de la population sont les mieux placés pour dispenser l’éducation. Selon M. Mason, les Canadiennes et Canadiens n’ont pas fait campagne en faveur d’un système d’éducation harmonisé, gage d’uniformité, comme l’ont fait les Suisses. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il y a absence d’harmonisation et de coopération entre nos provinces et territoires. Depuis plus de 40 ans, ceux ci travaillent ensemble sur des questions d’intérêt stratégique commun par l’entremise du Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) [CMEC].

Voilà tout juste un mois, en avril 2008, les ministres de l’Éducation ont publié une déclaration conjointe intitulée L’Éducation au Canada - Horizon 2020, soit le cadre dont ils se serviront au sein du CMEC pour améliorer les systèmes d’éducation, les possibilités d’apprentissage et les résultats globaux de l’éducation au Canada. L’Éducation au Canada - Horizon 2020 vise à offrir des possibilités d’apprentissage à vie de qualité à tous les Canadiens et Canadiennes. La déclaration ministérielle reconnaît le lien direct entre une population instruite, une économie basée sur le savoir vigoureuse au XXIe siècle, une société socialement progressive et durable et de meilleures possibilités de croissance personnelle pour tous les Canadiens et Canadiennes.

M. Mason laisse entendre qu’au Canada nous n’évaluons pas nos systèmes scolaires de façon régulière, alors qu’en fait nous nous sommes dotés d’un système rigoureux d’évaluation qui est reconnu mondialement comme un modèle d’évaluation à grande échelle. Depuis 1989, le CMEC administre des évaluations pancanadiennes dans les matières clés que sont le langage, les mathématiques et les sciences. Ces évaluations fournissent aux ministres de l’information inestimable dont ils se servent ensuite pour éclairer leurs décisions sur leurs propres politiques. De plus, elles permettent d’établir des comparaisons entre les provinces et territoires. Ces évaluations procurent également pour le milieu de la recherche une foule de données sur le rendement et sur les facteurs contextuels qui influencent ce dernier.

Au niveau primaire secondaire, les similitudes d’une province ou d’un territoire à l’autre sont plus nombreuses que les différences, et pour faciliter les transitions là où ces similitudes sont présentes, les ministres publient depuis plusieurs années un guide de transfert de l’élève. Ce document a fait l’objet de commentaires très positifs de la part des administratrices et administrateurs scolaires, des enseignantes et enseignants et des conseillères et conseillers qui aident les élèves à choisir les cours qui leur permettront d’obtenir leur diplôme dans le même délai que s’ils n’avaient jamais déménagé. Au niveau postsecondaire aussi les étudiantes et étudiants peuvent passer d’un établissement à un autre avec une facilité relative, et ce, malgré l’autonomie dont jouissent de tels établissements. Il s’agit là d’un autre dossier où les ministres travaillent ensemble pour faciliter les transferts et établir des critères en vue de l’agrément des établissements.

En discutant au sein du CMEC, les ministres peuvent cerner les priorités pancanadiennes, soit celles qui sont communes à toutes les régions. Il n’est pas pour autant nécessaire que ces questions soient solutionnées de façon uniforme. D’ailleurs, l’expérience nous montre que, étant donné les circonstances propres à chaque instance, les solutions les plus efficaces et les plus efficientes sont généralement celles appliquées à l’échelon provincial ou territorial.

En bout de ligne, le meilleur moyen de mesurer le succès des politiques gouvernementales en matière d’éducation consiste à en examiner les résultats. Dans le cas du Canada, il nous suffit de voir le rendement de nos systèmes d’éducation à une évaluation internationale à grande échelle administrée régulièrement par l’OCDE, dont le siège est à Paris, à laquelle participent les principaux pays industrialisés, y compris la Suisse. Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) évalue le rendement des élèves de 15 ans en maîtrise du langage, en sciences et en mathématiques.

Dans l’évaluation la plus récente (2006), le rendement des élèves canadiens se situe bien au-dessus de la moyenne internationale dans les trois matières évaluées. En fait, les élèves du Canada se sont en moyenne classés parmi les meilleurs de tous les pays étudiés, dans toutes les matières de l’évaluation. En sciences, seuls les élèves de deux instances, la Finlande et Hong Kong Chine, affichent une note moyenne supérieure à celle des élèves du Canada. En mathématiques, notre pays se classe parmi d’autres pays où le rendement est le plus élevé, dont le Japon, la Nouvelle Zélande et la Belgique. Dans le prolongement des résultats antérieurs du PISA, le Canada continue à afficher un solide rendement en lecture et se classe en quatrième position après la Corée, la Finlande et Hong Kong Chine.

Au Canada, moins de 10 p. 100 de l’écart du rendement des élèves peut être attribué au contexte socioéconomique, ce qui témoigne du haut niveau d’équité, et ce, malgré une population étudiante hétérogène.

Les ministres au Canada recherchent constamment des politiques novatrices pour améliorer l’apprentissage chez tous leurs concitoyens et concitoyennes. La capacité qu’a le Canada de répondre aux besoins d’une société très complexe montre clairement que ces politiques fonctionnent.

Raymond Théberge
Directeur général
Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) [CMEC]

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Coordonnatrice, Communications
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